dimanche 12 mars 2017

Jour 50. Reprise...

Tu ronronnes contre mon coeur
Te faufile entre mes doigts
Tes cris résonnent à mes oreilles
Tes mains griffent mon quotidien
Tu ris, ensoleillant mon coeur, 
Glissent des souvenirs entre mes doigts
Tes mots tracent mon chemin
Tes pas emplissent mon quotidien.

Et puis tu es parti
J'ai cherché, 
Partout
Tes bruits, ton odeur et ta chaleur
J'ai cru, 
Partout, 
Te voir, t'entendre et te sentir.
Je n'ai pas voulu savoir
Accepter ton départ.

Mes souvenirs de toi
S'effacent à la mélancolie du soir
Mais reste encore un peu
Cette nuit
Pour nous
Pour moi. 



Hiver 2016-2017

samedi 30 mai 2015

Jour 49 / Bulle

Je flotte, séparée du monde. Loin de lui dans mon silence. 

Je n'entends rien. A peine le souffle de l'air, quelques bruissements et chants dans le lointain. 
Je ne vois plus. A peine la surface laiteuse de ma bulle, quelques taches de couleur et formes dans le lointain. 
Je ne sens plus. A peine la rosée du matin, quelques senteurs de savon et de fleurs dans le lointain. 
Je ne touche rien. A peine la soie qui m'enveloppe, quelques mains qui me frôlent et des bras dans le lointain. 

Je flotte. Encore. Oscillant dans le vent. Égarée heureuse. Je flotte. Encore. 

mardi 3 février 2015

Jour 48 / Printemps 1

PRINTEMPS





Elle écoute, sourit, attentive, se lève un instant, ouvre la fenêtre et se perche sur son rebord. Emmitouflée dans un épais gilet, elle fume, laissant s'échapper par nuée quelques cercles de fumée. Elle écoute toujours, se déplie, recrée la bulle de chaleur, se saisit d'un geste infiniment élégant de sa tasse, va la remplir de café et s'enroule à nouveau dans le fauteuil.



« On n'a jamais pu se mettre d'accord. Pas vrai ? »



Elle se recoiffe en un chignon vague. L'une d'entre elles en profite pour se lever et recharger la cheminée. Le bois craque. Une autre part dans la cuisine, revient les bras chargés de nourriture. Toutes, elles picorent, rient quelques instants, loin de ce qui les préoccupe. Pour un bref instant, il n'est plus.



Elle se penche en arrière et soupire.



« Moi, je l'ai toujours vu comme une vague… Celle qui t'effraie et que tu recherches en même temps.

Tu arrives sur la plage, le sable commence déjà à s'infiltrer dans tes chaussures, ton sac, tes cheveux. Tu poses tes affaires, jettes tes chaussures, et marches pour rejoindre le rivage…

Je le vois peut-être comme un départ, le moment où l'on quitte le rivage et s'aventure là où on peut se perdre…

En tout cas, cette vague est là. Calme, presque inoffensive. Elle clapote doucement, fait teinter quelques notes. Quand tu la regardes, elle n'est presque rien. Mais pourtant à tout instant, elle peut se lever, grandir et t'emporter.

Je ne crois pas qu'elle puisse nous détruire, vous voyez ?

Mais nous perdre ? Je pense que oui. On peut s'y perdre. Se perdre dans ce qu'elle est, ce qu'elle miroite.

Ce petit clapotis à nos oreilles qui nous appelle. Ce chant des sirènes si beau et si mystérieux. Il est une vague fascinante. »
 

Une vague qui vient doucement s'échouer sur le rivage. Un lent mouvement d'écume qui doucement me caresse les orteils, glisse sur mes chevilles, les enveloppe puis les quitte.

Le froid me pique d'abord, m'engourdit légèrement. Petit à petit, je me détends. Je fais glisser mes orteils contre les grains de sable. J'oscille un peu, agite les bras pour conserver mon équilibre.

Je sens le soleil réchauffer mes joues, mon nez. A perte de vue, l'eau encore, toujours. Elle me grise. Je pourrais m'y perdre à jamais. Le ressac des vagues m'emporte. L'une après l'autre, elles se lancent, effacent mes traces, gravissent mes jambes. Orteils, chevilles, mollets, genoux…

Elles m'enveloppent de leur douceur, me noient dans leur monde. Le soleil les évapore. La brume monte. Les nuages se forment, blancs dans le bleu. Et j'oublie… je m'oublie.

Jour 47 / Automne 1

AUTOMNE



Elle, elle semble ailleurs, les yeux dans le vague, perdue dans ses pensées. Elle n'en finit plus de faire tourner son mug entre ses mains, cherchant à réchauffer ses doigts. Elle joue des épaules, tente de maintenir la couverture sur celles-ci.
Elle regarde par la fenêtre, sourit.

« Je ne sais pas trop. Je ne le vois pas tout à fait comme ça. »

D'un mouvement brusque, elle ébouriffe ses cheveux puis se niche à nouveau entre les tissus chauds de la couverture. Une autre lui prend le mug des mains, le remplit d'eau brûlante, lui demande quel thé elle souhaite prendre.
Elle tend ses mains, récupère le récipient et doucement souffle sur la surface de l'eau dans laquelle se balance le sachet de mousseline. Quelques rides apparaissent. Elle souffle encore un peu, sourit.

« Moi, je l'ai toujours vu comme une étendue couverte d'arbres, de branches entrelacées desquelles tombent des feuilles…
Une étendue qui nous est étrangère mais dans laquelle on peut respirer… Vous voyez ?
C'est tellement vaste une forêt. C'est ce qui en fait le lieu de tous les possibles. Celui où tu peux te perdre, te faire dévorer, rencontrer des monstres, mais aussi celui où tu peux renaître, apprendre à vivre, aimer.
C'est un lieu plein d'âmes, parsemé de petits bruits, de senteurs. Et si tu ouvres suffisamment les yeux, si tu écoutes avec attention, alors tu peux en sentir battre le pouls. À rythme lent, mais constant… rassurant…
Tu sens le sol battre sous tes pieds, t'encourager à avancer, à te perdre…

C'est ce que j'aime finalement. Ne pas savoir ce qui va arriver, mais me lancer. Et tel que je le vois, il peut tout aussi bien nous détruire que nous faire vivre. Non ? »

Une forêt aux reflets mordorés… des feuilles en train de pourrir sous mes pieds… Cette odeur d'humus qui monte, envahit tout mon être. Le ciel apparaît entre quelques branches. Quelques sifflements d'oiseaux, puis un léger bruissement. Ce monde tourne.
Mes mains virevoltent, effleurant les longues tiges dénudées qui se préparent à affronter l'hiver. Mes pas craquent. Des collines de feuilles où il fait bon s'enfoncer. Cette envie de courir, de hurler.
Mes cheveux s'échappent, m'empêchent de voir. Le vent les fait tourbillonner. Et à nouveau, cette odeur grisante m'envahit. Une senteur sauvage, exaltante. Je commence à courir, dévale à perdre haleine les sentiers, me perd entre les troncs, me glisse sous des branches, dérape sur la mousse. Tombe. Me relève. Et je n'en finis plus de rire.
Ce monde tourne et moi, en son centre, ris. Les branches nues s'entremêlent. Quelques feuilles tombent. Le sol se couvre. Doucement, la brume se lève.

dimanche 11 janvier 2015

Jour 46 / ...

Les mots sont mon royaume, mon refuge, le seul territoire où je ne suis jamais étrangère ni perdue, mais aujourd'hui, ils me font défaut.

Et puis...

Tout au fond de la boîte, il est étendu, agitant faiblement ses ailes. Et elle tend ses mains ensanglantées pour le recueillir.
Elle est parcourue de frissons, sourit aux rires qui résonnent, et pleure ses enfants perdus. Elle sourit à ceux qui l'aiment et pleure ceux qui l'oublient.
Elle le recueille et lui murmure doucement à l'oreille qu'il va vivre encore, encore, toujours. Car telle est sa nature...

Au fond de la boîte, l'espoir palpite doucement, vacille, prêt à s'éteindre sous les coups de ceux qui voudraient faire le noir autour de nous. Il vacille, vacille encore.

Seule notre humanité peut le sauver. Ce qui fait de nous des êtres doués de raison. Elle nous recueille et nous replante là où nous devons être. Loin, bien loin, de ce qui la nie. Loin, bien loin, des cris faisant fuir l'espoir.
Elle nous recueille et tend ses mains vers ceux qui voudraient la fuir. Vers ceux qui ne se savent pas perdus.

Au fond de la boîte, il palpite toujours. Et elle chante doucement, priant pour qu'il prenne à nouveau son envol, ranime ses enfants, refasse de tous des frères humains. Humains… pour toujours.

Au fond de la boîte, il vit, fragile, vulnérable. Il vit. Il vit. Il vit.

Pour toujours.

Humain.

vendredi 2 janvier 2015

Jour 45 / Hiver 1

HIVER




La première lève le nez de sa tasse, sourit. La pose délicatement sur la table. Ce lent mouvement vers l'avant, bras tendu vers la table, réveille l'attention des autres.Tout aussi tranquillement, elle s'enveloppe de son gilet, se cale dans le fauteuil, négligemment se recoiffe. Une à une, les mèches trouvent leur place. Le soleil lentement illumine le plancher. Le bois craque.

« Je commence ?
Après tout, nous sommes venues parler de lui. Non ? »

Lent acquiescement. L'une d'entre elles se lève, relance la bouilloire. Quelques instants plus tard, de l'eau chaude conservée dans un thermos, des sachets de thé et des biscuits ont rejoint la table. Des bûches brûlent dans l'âtre.

Doucement, elle inspire, soupire, se lance...

« Moi, je l'ai toujours vu comme une étendue glacée… dangereuse. Prête à m'engloutir dans son enfer blanc. 
Tu vois ces champs recouverts de neige en hiver ? Avant que les tracteurs passent et leur rendent leur caractère humain… Mmmm… Oui, ils sont beaux. Mais moi, je les ai toujours trouvé menaçants. C'est comme si la nature se dressait devant nous et nous rappelait sa puissance. On dirait que le monde dans lequel nous vivions n'est plus nôtre…
Tout devient différent. Tout...
Et bien, lui, je le vois comme ça. Une étendue recouverte de neige et de glace. Belle mais mortelle. Prête à nous dévorer de son froid ardent, prête à nous laisser geler et mourir sur place… Parcourue par des vents glacés qui nous brisent...
Et parfois, quand le soleil s'y lève, on peut espérer qu'il change et nous accueille… Mais ce n'est qu'un faux-semblant. Il est toujours une menace…
Oui ?

Je maintiens… une menace. Prête à nous geler le corps et l'âme. » 

Un champ de glace le recouvre. Le vent souffle et délicatement fait jouer les flocons de neige. Ils dansent et se reposent, effaçant progressivement mes empreintes dans le sol.
La terre crisse sous mes pas. Pas un bruit, seule cette lente entrée dans la neige, sourde, heurtée. Ma respiration siffle un peu. Des nuées de brume apparaissent. Arabesques exotiques. Elles disparaissent doucement. Mes doigts se raidissent et je finis par ne plus les sentir. Mon nez gèle. Mes orteils se recroquevillent, cherchant un reste de chaleur.
Cette étendue blanche m'éblouit et me grise. Je voudrais pouvoir crier, mais ma voix reste coincée. Bloquée par ce froid qui environne tout.
J'avance pas à pas, avec précaution. Éviter par tous les moyens de glisser, de perdre une fois de plus mon équilibre.

La nuit tombe petit à petit. Le soleil se couche. Il fait de plus en plus froid et je reste là, seule, au milieu de cette étendue glacée.
 

mercredi 3 décembre 2014

Jour 44 / Nouveau commencement !



La maison gisait au fond des bois. Entourée de chênes, refuge des âmes, elle semblait nous attendre depuis toujours. Un vague chemin y menait. Le rythme cahotant de la voiture nous y conduisait. Chaque sursaut, grincement de la mécanique rappelait le ressac de nos existences.
Les phares balayaient les bas-côtés, faisaient surgir ombres et fantômes. La musique hurlait dans l'habitacle. Un éclat de rire s'en dégageait parfois.

Dans un dernier sursaut, nous sommes arrivées, avons déchargé la voiture. Les clés ont été trouvées au fond d'un sac, la porte ouverte et la maison occupée. Un peu de poussière recouvrait les meubles. L'odeur d'humidité régnait partout. Le froid nous imprégnait petit à petit…

Dans un craquement d'allumettes, le feu a jailli et réchauffé nos mains. Nous avons jeté nos affaires un peu partout, commencé à faire de ce lieu un chez-nous.

Nous nous sommes toutes réunies au matin. Emmitouflées dans nos couvertures, nos gilets, tasse de café ou mug de thé à la main, soufflant de concert et sirotant dans le calme. L'air embaumait la brioche fraîchement grillée et le beurre fondu.
La brume du matin se dissipait. Vagues après vagues, ses nappes nous quittaient. Le ciel se teintait de rose et le soleil timidement nous lançait ses rayons. L'herbe scintillait. La vie se réveillait autour de nous.
Nous ne disions rien. Pas encore. Savourions ce moment de retrouvailles, ce moment que nous avions tant différé...

mardi 7 octobre 2014

Jour 43 / ...

Non, ce blog n'est pas mort... 

Je réfléchis... Simplement. Et comme j'ai le processeur un peu lent, ça prend du temps. 

En attendant, enjoy :)



samedi 6 septembre 2014

Jour 42 / Dix-sept

Je ne sais pas s'il y a vraiment une fin à cela. Pourrais-je jamais cesser de t'écrire ? Pourrais-je jamais cesser de t'aimer ?
Quoi qu'il arrive, tu nous accompagnes sur nos pas. Quoi qu'il arrive, des morceaux de toi restent épars à la maison, parmi nous. Certains sont tranchants, et on ose à peine les regarder. D'autres scintillent, appellent nos sourires et nos rires. Quoi qu'il arrive, nous ne t'oublierons pas.

Quoi qu'il arrive, tu resteras mon papa et tu me manqueras… Mais, c'est pour cela que, tous, quoi qu'il arrive, nous vivrons et aimerons, encore, encore, toujours… sans toi, pour toi…


samedi 30 août 2014

Jour 41 / Aujourd'hui / Seize

Le monde que tu as fuis, celui dans lequel je vis aujourd'hui auraient sans doute pu se rencontrer. Je ne sais si tu l'as jamais vu…


Quand je ferme les yeux, il est là...


La musique résonne. L'air y frémit, vibre. On avance pas à pas, dans un glissement furtif, les mains effleurant les herbes qui y poussent. Ce n'est jamais qu'un jardin aux dimensions de notre âme.
Mille senteurs le parfument. Du sol chaud battu par la pluie, de l'herbe tondue et du foin fraîchement taillé, du pain en train de cuire, de fleurs en pagaille, de l'iode de la mer, du bois coupé, du parfum d'un amour…
Mille sensations le parcourent. Le moelleux d'une couverture, la fraîcheur de la pluie sur le visage, la douce pression d'une main, la chaleur d'un feu de bois, les picotements d'une pelouse un peu sèche, la douceur d'un pelage de chat…
Mille bruits y résonnent. Le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, le lent va-et-vient des vagues, les rires de ceux que nous aimons, quelques notes de piano…
Tout nous y enveloppe de douceur.
Ce n'est pour autant un monde serein. Le tonnerre y gronde parfois. Le vent vient en frapper violemment les parois. Des cris stridents se font entendre, suivis d'un silence lourd, menaçant. L'effroi me saisit dans son armure de douleurs. L'ombre noire qui t'a happé me poursuit encore, désireuse de saisir une nouvelle proie.
Pourtant, elle perd du terrain, s'efface de plus en plus et ne parvient plus à résister. De simples notes de kalimba la réduisent à néant. Ses griffes se rétractent, lâchent leur proie. Elle gémit, de noire devient grisâtre, de géante devient naine, de monstrueuse devient négligeable… Elle sait qu'un jour elle ne sera plus.


Et mon monde se déploie. Celui où tu aurais pu vivre si tu en avais eu la force. Ce monde de tous les possibles, de tous les imaginaires, où il fait bon rire et vivre.
Une guitare fait entendre ses accords. Un air de jazz… L'improvisation n'est pas loin. La vie n'est pas loin.


Allons-y.